Al Di Meola: Elegant Gypsy (1977)
"I read Guitar World and Guitar Player and all these magazines, and I see where a lot of these heavy-metal players mention me as an important influence for them. At first I couldn't understand the connection between my music and their music. But then when I go back and listen to some of my early music, I hear what they're talking about. It's that intense quality that they relate to..." (Al Di Meola)
Where: Recorded at Columbia Studios
When: 1977
Who: Al Di Meola (acoustic and electric guitar), Anthony Jackson (bass), Jan Hammer (synthetizers, keyboards), Lenny White (drums), Steve Gadd (drums), Barry Miles (synthetizers, keyboards), Mingo Lewis (synthetizers, percussions), Paco De Lucia (acoustic guitar)
What: 1. Flight Over Rio 2. Midnight Tango 3. Mediterranean Sundance 4. Race With Devil On Spanish Highway 5. Lady Of Rome, Sister Of Brazil 6. Elegant Gypsy Suite
How: Produced by Al Di Meola
Up: riff circulaire maussade, synthé frissonnant qui s'ébroue, insertion de cymbales un beat décalé à la Bonham, le synthé de Jan part en solo mélancolique, keyboards fractaux, trois accords puissants et beat latin de congas à la Santana, pentatonique paresseuse en moins, et riff de basse sautillant, Al déclenche un blitzkrieg à bout de médiator sirène, Les Paul-Marshall pas très jazz, un placement tango décontracté des notes pour débuter, le synthé en soutien scintillant, des charleys discoïdes, le solo part, criard, dans les deux baffles, phrases insolemment placées, des tirés démentiels sur fond de stampede de congas énorme, Jackson à la basse opulente en notes rares, Al, rigolard, ose le déplacement de case à case avec un seul doigt puis, sérieux, lance la course poursuite le long du manche, reste en suspens, fond sur la rythmique de charleys hyper-saturés, frappe quelques notes et lâche encore la purée en - vrai - solo le plus rapide du monde, une note en sustain granuleux pour laisser le synthé entrer dans la joute, tenue en feedback, la note est reprise comme nouveau palier de solo, Jan balance sa moissonneuse de notes de keyboards vertigineux, Al, beau joueur, descend en piqué et mitraille alentour, derrière du jazz-disco pour Anthony, Mingo et Lenny, la baston est pas finie entre Jan, virtuosité éclaboussante, et Al, technicité effarante tenue en laisse par un feeling latin hispanisant, ça va très vite, sprint en altitude, puis dégringolade vers un nouveau rythme salsa plus appuyé, le synthé tapisse de notes rêveuses, un break pour la basse avec keyboards écrasés et démultipliés, congas bien énervés, la guitare, majestueuse, en retrait, la plus belle guitare Les Paul jamais enregistrée, le synthé serpente sur des notes de basse choisies avec goût, on trébuche vers trois accords, un souffle et retour sur le superbe riff malsain originel, la basse se vautre dans les aigus, atterrisage ou crash ["Flight Over Rio"]... un motif simple et répétitif au synthé pour l'intro, un souffle de cymbales, du tango électrique avec basse trafiquée à la pédale, spleen latin ambiant, tout en retenue, Al glisse dans les aigus sur fond de percus et synthés planants, Anthony fait quelques étincelles en médiator silex, on se laisse bercer par un flamenco en accords jazzy, triste à pleurer, aigus en muselière, Jan chef d'orchestre de keyboards symphoniques, un break tranquille, la basse occupe le terrain en beat latin, la Les Paul noire de Al, excitée par les congas, lâche ses premières ruades, la tension monte sur une phrase plus appuyée, un aigu gueulard final pour libérer quelques accords dynamites, les notes aiguës de la guitare se trémoussent devant la grosse basse, tout le monde sur le qui-vive, puis Al se plaque sur le roulement de tonnerre de Lenny avec une fricassée de notes étincelantes, la joue cool avec des petites phrases au placement divin, ouvre un riff latin entendu par la basse, on stoppe, castagnettes en fond, un solo lacrymal de gratte acoustique, la rythmique se remet en place, accompagnement d'orchestre tango faussement simple, Jan y va de son chorus au piano électrique inconsolable, tout est prêt pour lancer le solo de Al mais cadeau surprise c'est le maître de la quatre-cordes Anthony qui s'y colle, sans esbroufe, un feeling éploré, puis Al empoigne la guitare qui pleure, une entrée magistrale, ça riffe un peu, rythme salsa préservé, un break : un tiré aigu dans les étoiles à se pendre, des accords à la basse marquée, le synthé suit, un solo final en aigus sur basse-batterie colossales et synthés kaléidoscopiques, coda en percus latines, Carlos renvoyé à Woodstock ["Midnight Tango"]... historique : les deux maestros acoustiques, Paco canal de gauche, Al canal de droite, entrelacs d'arpèges dignes et émouvants, brusqués de balayages percussifs flamenco, première attaque d'Al à droite, une petite phrase bravache, rapide, à l'unisson qui se délite en soupirs, laisse place à un sweeping acoustique affolant, un placement rigoriste pour humilier sans même le savoir les hardos, Al entame son solo avec des pointes de vitesse, interrompues de déplacements chromatiques sereins, fait le tour du manche, trépigne en notes étouffées, part à nouveau en sprint époustouflant, un "olé!" de Paco en récompense, un motif d'une beauté à couper le souffle pour faire taire la technique, Al redescend dans les graves et y tourne un peu, la place est à Paco maintenant, attaque digitale crochue plus agressive, une lessiveuse de notes épileptiques, une pause pour placer des notes essentielles apprises enfant sur un banc d'Algésiras, ça débonde encore, Paco pond mille notes gorgées de sanglots retenus, les accords derrière sont angéliques, alchimie télépathique plus que duel, Al bat le rappel, Paco s'engouffre dans un dernier rush, s'apaise, quelques notes égosillées, on brasse les soli des deux côtés, puis chacun son tour, les accords s'effacent et laisse la place à des soli entrelacés d'une pure démence, Paco en arpèges, final commun en accords acoustiques soniques balayés, retour sur le riff du début, quelle tristesse, un soupir au micro ["Mediterranean Sundance"]... un tom sourd, un riff sauvage de basse en "1-2" puis "1-2-3-4" sur des frémissements de charleys et un pied de grosse caisse éléphantesque, une entrée électrique angoissée sur congas affolés, d'emblée une descente de manche ahurissante, basse et keyboards suivent note à note, Jan balance des zébrures illuminées, ça cogne comme du hard pas du tout latin cette fois-ci, Al s'amuse à insérer des commentaires électriques presque parodiques, on calme le jeu et on fait encore tourner le tout jusqu'au prochain palier, Jan en architecte sonore avec ses synthés, Anthony se cale dessus en basse balourde et trafiquée, Al en son velouté au feeling qui tangote, un premier solo magnifique, la basse creuse un peu le riff caché en descente "I Shot the Sheriff", c'est Jan qui enlumine cette fois-ci mais Al piaffe en petit riff furibard derrière puis part à l'assaut avec un démarrage embourbé de graves heavy, place des notes espacées comme en suspens, ose le silence de trois temps et ça repart, un peu de notes étouffées et les drums de Lenny en fêtes à chaque nouveau départ, Al se retient plus, envoie des fusées électriques dans les deux baffles, des notes étranglées qui dégueulent de l'aigu, repart dans sa course avec le diable sur une autoroute espagnole, stop, retour temporaire à des climats plus tempérés, des nappes de keyboards, on joue avec le riff lent, Al revient avec des notes un peu gênées, aux hachure latines puis prend le riff hardos tout seul à la Gibson, la poursuite reprend, un solo illico, retour au riff d'intro, les congas de Mingo sont frénétiques, folie générale puis Al à sec tout seul en gratte hardos, un puis deux ou trois keyboards en renfort, retours à des riffs graves, simples et marqués, un dernier solo en émotions, encore un peu nerveux sur la fin, des notes aiguës arrachées et portées au ciel, tourbillon final et pureté des notes en fading-out ["Race With Devil On Spanish Highway"]... interlude acoustique en arpèges carillonnants, ambiance gondolisante vénétienne de toute beauté, une fraîcheur printanière pour un peu, simplicité pas vraiment dépouillée, épure de rythmique magnifique, Al place quelques accélérations en électrique acoustifiée, puis en son étouffé, une minute quarante-cinq, déjà fini ["Lady Of Rome, Sister Of Brazil"]... un petit motif acoustique assourdi, chargé de menaces électriques, loin en arrière une intervention de guitare électrique, balayages flamenco énergiques, un riff déboule avec une basse frelatée, ça chaloupe tango toujours, une violence contenue sensible, un break sur basse aux senteurs reggae, Hammer qui part dans des micro-chorus de keyboards riffards, virtuoses et percussifs, Les Paul absente, la fête latine côté basse-batterie-congas, des guitares riffeuses rapides hardos à souhait s'immiscent d'un coup d'épaule mais le riff chaloupant et sa basse pas catholique sont préservés, quelle classe, Anthony et Jan livrent comme un seul homme un riff descendant grave et inquiétant, Mingo pond un solo de percus vite fait, Al revient l'air de rien en solo, version gimmick son étouffé et effets à foison, presque percussifs, s'amuse à laisser un peu tourner puis enclenche la moissonneusse-batteuse nourrie au Marshall, en extrait une unique note aiguë extirpée de force comme une perle, s'accroche à son son hardos, balance des notes over-flangées, un modèle de placement au passage, la basse assure stoïque, comme un autre riff qui s'annonce en fond, Al ne s'arrêtera plus maintenant, les sonorités sont noyées dans les effets, le riff arrière prend le dessus, est matraqué, ça tape en fait, la basse rejoint un larsen, les keyboards majestueux de Jan, un break bienvenu avec cymbales planantes et arpèges acoustiques, Jan arrive à faire pleurer ses synthés, Anthony gronde gentiment et Steve se fait connaître derrière les fûts, on verse dans des arpèges flamenco, Jan traque l'émotion dans le synthétique, en presse de l'organique avec même des tirés de bluesmen, le riff évolue légèrement mais reste inquiet, Al piétine derrière mais s'en tient à des notes tangoïsantes en survol de mélodie, la basse-batterie se fait plus forte, on reste cool c'est du tango électrique on vous dit mais ça menace de céder, les riffs sont à nouveau marqués, petit à petit une phrase s'insère avec un délicieux larsen émotif final, une averse de keyboards bien syncopés, on atteint les aigus, un break effréné, tous ensemble sur fonds de toms massacrés, un break sur un riff bien articulé, Al seul à l'électrique, toms et accords sehr hardos graves, un fin très hard en power chords, ultime explosion splasheuse ["Elegant Gypsy Suite"]...
Down: Envie de jeter tous vos albums heavy-metal après ça...