Big Black: Atomizer (1986)
"I don't believe you have to be completely dogmatic in your language to think reasonably. Certainly none of us are sexist in the traditional sexist notions, or have sexist leanings, right? But because that's understood, we don't have to keep haranguing on it, to keep reaffirming to ourselves that we believe what we believe. So once that's given, once you know what you think, there's no reason to be ginger about what you say, as long as you know what you mean. I think that's a really important thing. A lot of people, they're very careful not to say things that might offend certain people or do anything that might be misinterpreted. But what they don't realize is that the point of all this is to change the way you live your life, not the way you speak. I have less respect for the man who bullies his girlfriend and calls her "Ms." than a guy who treats women reasonably and respectfully and calls them "Yo! Bitch!" The substance is what matters. ..." (Steve Albini)
Where: Recorded in Chicago, Illinois and at 7th St. Entry, Minneapolis
When: 1986
Who: Steve Albini (guitar, drum programming, vocals), Santiago Durango (guitar), Dave Riley (bass)
What: 1. Jordan, Minnesota 2. Passing Complexion 3. Big Money 4. Kerosene 5. Bad Houses 6. Fists Of Love 7. Stinking Drunk 8. Bazooka Joe 9. Strange Things 10. Cables
How: Produced by Iain Burgess & Steve Albini
Up: feedback tranchant qui vrille les deux enceintes puis pilonnage hallucinant de drum machine thanx to Roland avec basse métallique claquante vicieuse, une guitare indu totémique, cris saturés, riff ultra-violent, "Smack My Bitch Up" onze ans avant, un souffle génial en apesanteur au milieu des machines qui riffent, la basse rugueuse démentielle sur bastonnade presque jungle, ça tabasse les accords pour marquer plus fort encore, Albini invente "le" chant indu, le premier riff fait son retour avec toute l'artillerie et une mélodie naît au milieu des aciéries, cris iggypopiens d'Albini, paroles à l'avenant sur une congrégation de Dutroux locaux et chasse aux sorcières protestantes voix sursaturée, autre chose que Marilyn Manson tout de même, feedback final insupportable et tétanisant "suck daddy suck", bien avant Korn, dans la face de l'Amérikke ["Jordan, Minnesota"]... tiens, un des cinq plus grands riffs de l'histoire du rock, une basse qui sulfate violemment sur un poom-tchac faussement inoffensif, et ce riff insensé tissé de barbelé crépitant, une ligne de basse écorchée, virevoltante, dansante en fait derrière et ce son, ça s'arrête sur un riff titanesque de basse qui croise Entwistle et Araya, et c'est reparti, Albini capte en un titre tout le chant de Frank Black et puis donne les billes pour toute la disco des Pixies tant qu'il y est, les grattes fabuleuses redécouvrent la distorsion, chant bordélique, et encore et toujours ce riff absolument fabuleux soutenu par une basse-batterie hargneux, on s'arrête mais à l'envers, cette fois-ci avec le riff sans basse, et on relâche les grattes grinçantes aux cordes de ronce, un chef-d'œuvre absolu, tellement dur de faire du noisy ["Passing Complexion"]...le riff sinistre, hostile et paresseux, sourd à souhait, qui peine à s'extirper des enceintes, tout de suite baffé par une rythmique explosive péchue funky évoquant le "Killing An Arab" de qui-vous-savez, ça rosse acier funky industriel, un cri bien sûr et poom-poum-tchac en ambiance décidément insidieusement Cure avec une distorsion de fond, voix sépulcrale, des changements d'accords aériens qui laissent souffler avant les piqués belliqueux du chant d'Albini, toujours cette présence du funk bancal dans le large post-punk, la méchante disto en plus ici ["Big Money"]... oh le riff schrapnel en aigus saturés grésillants, une splendeur percutée absolue, du Fripp en fait avec une grosse basse à la Simon Gallup, décidément, par-dessus le riff se transmue et explose en une fragmentation à la Slayer avec glissés écorchés et notes barbelées mitraillées qui zèbrent les enceintes, la basse qui fournit en saturés derrière d'ailleurs, on laisse tourner, le médiator qui crisse sur les cordes sur drums Roland en double grosse caisse synthétique, chant sépulcral sur ligne de basse incroyable, rapide et labyrinthique, les Who en vrais post-punks, chant agressif et plaintif, la vie de merde dans une bourgade de merde ricaine, Albini pas fan du yankee way of life en somme, retour de la gratte très méchante en feulements sur la gauche, des feedback vanhaleniens avec violence à la bande à King et Hanneman, implacable puis explosion prévisible et douloureuse sur une lave de grattes avec basse élégante, Albini veut mettre le feu partout, du kérosène ici et puis là aussi, le riff qui éclate à chaque fois plus fort, équarrissage guitaristique et basse virtuose, super véloce, la gratte tapie qui laisse échapper ses feedback, boom ! ["Kerosene"]... horreur sans nom d'un poom-poom-tchac poom-poom-poom-tchac synthétique abominable à écœurer Indochine qui prend vite une teinte industrielle autrement sinistre, du Front 242 un peu aussi, des arpèges saturés qui se glissent, des petites notes de basse luminescentes, un gros riff avec lick d'entrée orientalisant, fat bass et arpèges sixties cent fois entendus mais beauté unique, tout le renouvellement circulaire du rock, voix gloomy, ces mélodies souterraines byzantines surgies d'on sait où, un beat de batterie si commun qu'il en devient iconoclaste et agressif, du Suicide aussi bien sûr en écrasante influence, Steve mélange les pistes vocales, fait du talk-over et semble déprimer gentiment, pas si loin de Joy Division non plus, du rock mancunien enfumé version yankee, fin sur le beat embarrassant crânement assumé ["Bad Houses"]... riff épique de basse mammouth, grincements de gratte et cris primaux par-dessus, le riff de basse crâne qui flotte un peu et porte la chanson à des hauteurs prog-rock, la gratte qui épanche des humeurs bruitistes puis dégaine le riff, déplace son accord, le monte encore un peu, un "Peter Gunn Theme" version haut-fourneau, ça tape, avec bruits de scie circulaire derrière, un peu prog décidément, l'air de rien, comme tout instrumental, le chant écorché bien sûr dessus, le riff rejoué sur une plus grosse guitare au cas où il y ait ambiguïté, sur-rythmé mais avec des ponts presque mélancoliques, ces hennissements de guitare dépiautées, riff un peu pogoisant à la "Paradise City" des Guns, le riff en version aiguë pour vriller plus profond, Steve sort la grosse Bertha, une épopée indu ["Fists Of Love"]... tiens un début à la "Lovecats" de la bande à Robert, une basse qui pique des sprints très hardcore, chant moqueur plaqué dessus, ça va vraiment très vite, la gratte qui se déploie en mode pandorien, sons glaçants et accords qui montent insensiblement, un mantra indu en guise de chant, un glissé vicieux puis on se cale sur un riff néo-rockab, Albini en cordes vocales lacérées, comme des éclaircies sur une courte séquence d'accords légers, légèrement spleenesques, mais on canonne à nouveau, beat de drums Roland qui tourne à vide, frottis de cordes, yankee steel manufacture ["Stinking Drunk"]... Steve dans la peau de Vega, du "Frankie Teardrop" en boucle hallucinée, seul au fond du studio , bientôt rejoint par un gros beat avec double caisse claire, très rapide, Martin Rev ici, riff balèze en sourdine saturée à gauche rejoint par la cavalerie, sous la lave toujours bien construits les riffs, exploitables dans d'autres ambiances rock, chant gentiment terrifiant "Hang with me Joe", un riff scie sauteuse tout en prestance ["Bazooka Joe"]... cris de marin, genre "The Nazz Are Blue" des Yardbirds, du potache indu, des "heys !" de supporteurs sur riff de basse limaille, le bulldozer rythmique bientôt mis en marche, les stop and go pour les cris, Steve en confidences mezzo voce, derrière le riff qui descend son ton, un Roland qui tape pour les drums, avec quelques festons percu-bruitistes, chant über-thrash, galimatias bouillis en mode death metal, un début de solo, avorté, qui en fait marque les changements d'accord d'une note paresseuse, plus faible mais riff claquant et puissant, un chant torturé, un titre dégueulé ["Strange Things"]... ce son de gratte en aigus électrocutés, Steve joue avec le public, on est en live, il sait qu'il tient "la" version du titre, quelques faux tâtonnements puis le riff claque dans la gueule, la cavalcade fantastique, chant clair, tranche avec les saturations studios, la basse en star absolue entre les décharges et les coups de châtaignes, une vraie batterie qui avance, sans regarder dans le rétro, un groove indu, pas qu'un sorcier de studio le Steve ["Cables"]...
Down: Rien.