Der Rock Umlaut
Ach, le Umlaut en rock. Hard, le rock. Über-heavy, même souvent. Nan pas Björk. Ni Häagen-Dazs. Ni Brüno. BÖC, Motörhead, genre. Äbüs dë gïmmïck vërbötën et Godwin dans le viseur, natürlich. On les fait pas tous, hein. L'oriflamme teuton du röck döt claque au vent : let's go.
Les apôtres du tréma métallique, à imaginaire gothique (Horace, si tu nous lis en ton château), wagnérien tendance méchamment délétère, c'est Blue Öyster Cult, ex-Soft White Underbelly, germanisé par Pearlman, Lanier et Meltzer, logo alchimique en sus : combinaison glaçante.
Des défricheurs diacritiques, avant, achtung. Dès la fin des années 60, Amon Düül (II, surtout) tape dans la mythologie égyptienne, saupoudre de trémas et c'est märre. Marre. Bref. Bon, c'est krautrock, les umlaut, c'est pour rire. Même si on rit pas souvent. Je me comprends.
Motörhead, of coürse. Of course, sorry. Lemmy botte bien ce gimmick de Blue Öyster Cult, s'en cache pas : ça fait heavy metal tout plein, pas de raison de s'en passer. Et puis il est fan d'histoire, n'est-ce pas. En 1984, pour rester raccord, Wurzel est prié de devenir Würzel
Alors, certes, Lemmy avait eu le temps de potasser sa linguistique à arcs-boutants dès 1971 avec son space band Hawkwind qui a failli killer ze game sur la back cover de In Search of Space : "TECHNICIÄNS ÖF SPÅCE SHIP EÅRTH THIS IS YÖÜR CÄPTÅIN SPEÄKING YÖÜR ØÅPTÅIN IS DEA̋D"
Ja, ja, Mötley Crüe. Vince jure que c'est une bouteille de Löwenbräu qui leur a soufflé l'orthographe finale de leur nom. Un peu bizarre, bien visuel en tous cas, ça leur va, adjugé. Quelques surprises ensuite en concert en entendant les différentes prononciations des fans.
Queensrÿche - ingénus, ont tenté tout d'abord un "Queensreich" mais ont vite pris note d'effluves nauséabonds imprévus alentour. Même souci de prononciation des fans que pour Mötley Crüe avec, bonus, encore certains pour les croire Allemands. From Bellevue, Washington, donc.
More ? Les umlauts sont partout : chez Magma (Mekanïk Destruktïw Kommandöh), chez Zappa posthume (Läther), chez Voivod ("Korgüll The Exterminator"), chez Gwar (Ragnarök), chez Hüsker Dü, même. Si vous êtes branché(e)s Depressive Suicidal Black Metal, même Frenchy, c'est banco.
On se détend. On conclut ? En 1984, Spın̈al Tap, avec son umlaut et son "i" étêté, met les potards teutons à 11. Michael McKean (David St Hubbins in real life) se fend d'une glöse définitive : "It’s like a pair of eyes. You’re looking at the umlaut, and it’s looking at you."