Free: Highway (1971)
"Coming from a heavily industrial town where there was ship building and steel works and chemicals, music was my ticket to freedom. I heard all this music coming out from America. All these blues guys were talking about jumping on trains and freedom and moving to another city, I thought I could dig that. In some respects, I have jumped on a train and followed that lifestyle. It was always going to be music for me. I came off the road for awhile and I felt like I had been grounded. I felt I had to go somewhere and it didn't matter where. I do have this urge to go somewhere just for the sake of going somewhere. The job suits me really..." (Paul Rodgers)
Where: Island Studios
When: Février 1971
Who: Paul Rodgers (vocals), Paul Kossoff (guitar), Andy Fraser (bass), Simon Kirke (drums)
How: Produced by Free & Tetsu Yamauchi
What: 1. The Highway Song 2. The Stealer 3. On My Way 4. Be My Friend 5. Sunny Day 6. Ride on a Pony 7. Love You So 8. Bodie 9. Soon I Will Be Gone
Up: ambiance agreste sur les brisées de The Band, paroles inspirées ("So we started in the cornfield /And I know we did not slack / We got everything in order / But we forgot to bring the bucket back"), piano de guingois et caisse claire chaleureusement tripotée, note dépressive crucifiante (00"51), plongée spleenesque, basse bondissante de Fraser, accords scintillants puis arpèges solaires à 2"12, solo à l'économie de Kossoff tout à la gloire de la Gibson, batterie inventive d'une classe folle, codas en entrelacs d'arpèges ["The Highway Song"]... killer riff, enregistré spontanément, basse surprenante, toujours originale, prodiguant aigus et graves, changements d'accord consciencieusement marqués à la Les Paul, une violence contenue jusqu'à l'explosion à 1"22 avec un cri vintage de Rodgers, solo torturé de Kossoff, 2e solo encore meilleur à 2"18, Kossoff s'aventure dans les aigus, s'excite sur la fin, Fraser étrangle savamment sa basse, un classique instantané ["The Stealer"]... un peu de Leslie pour un riff country indolent, claviers discrets, entrée de Rodgers ("wooooooh"), toujours ce groove désespéré, on monte d'un cran à 2"24, Kossoff, tout en retenue, place son solo magique à 2"51 ["On My Way"]... descente de piano, gémissements lointains de la guitare de Kossoff, lamentations liminaires de la voix de velours de Rodgers ("All I need is a friend /Someone to give me a helpin' hand"), entrée majestueuse de la basse à 00"51 puis à 1"00, Rodgers crie son désespoir par paliers, craque sur la fin à partir de 3"13, la Gibson éraillée dépressive fait son retour à 3"38 et, à 4"10, Kossoff balance le plus beau feedback du rock, et le plus poignant, toujours cette violence feutrée, à peine adoucie par le piano accablé ["Be My Friend"]... accords solaires, Kirke tape sur le bord de sa caisse claire, arpèges névrosés, piano pré-Cure, Rodgers au plus bas s'épanche sur la basse énorme de l'impérial Fraser, la Les Paul sort quelques notes discrètes ["Sunny Day"]... retour du country rock avec un riff dur, très lent, des accords claqués, Rodgers au sommet de sa voix, Fraser qui fait feu de toute corde, un accord écrasé incroyable à 2"14 et ça repart, solo velouté et onctueux de Kossoff à 2"43, Fraser et Kirke font des merveilles sans voler la vedette ["Ride on a Pony"]... un modèle d'épure, ("And by the way, before you go..."), Fraser et sa basse caoutchouteuse, cordes discrètes, Kossoff sanglote avec dignité à la Gibson, crescendo, inattendu, à partir de 2"06, se fait très menaçant, basse bougonnante, Kirke alterne légèreté des fûts et lourdeur de la grosse caisse, Kossoff improvise des enluminures harmoniques inoubliables sur fond de piano altier, à partir 4"04 Rodgers déclare ouvertement sa flamme et fait frissonner ["Love You So"]... basse bonhomme sautillante, arpèges sublimes, voix envoûtante de Rodgers, Kirke prend soin de cacher toutes les subtilités de son jeu pour ne pas éclipser ses potes ["Bodie"]... guitare acoustique cette fois, conclusion logique d'un album funèbre et fatigué : Rodgers a décidé d'en finir, cordes discrètes, entrée en feedback glorieux de Kossoff, pont déchirant de Rodgers ("Now lighing a cigarette / Now knowing I will regret") sur chœurs douloureux, crescendo marqué par une discrète saturation de la guitare, solo pudique en coda à 2"35 ["Soon I Will Be Gone"]...
Down: album d'une beauté terriblement tragique, la suite le confirmera (trop) rapidement...