High and Dry

60 ans que ça dure, des poches de résistance ignare : les Beatles seraient pop, les Stones rock - ok boomer. Quand Keith balance que les Scarabées savaient pas jouer le blues, on sent bien que la vérité est ailleurs, nan ? Bon, plouf, plouf. Chasse gardée stonienne, le blues, admettons : Rufus Thomas, Willie Dixon, Jimmy Reed and others ; Liverpudlian side : le rock, Buddy Holly, Chuck Berry, les Burnette Bros, Larry Williams et al. Oui mais Chuck, idole de Richards, une reprise back beat par album jusqu’à Aftermath et le Hail! Hail! Rock ’n’ Roll spirit en intarrissable veine, même trouée. Et la soul, tant qu’on y est ? Smokey, Otis, certes, mais toujours un peu rubber, chez Mick et John et Paulo.

Tout ça pour parler de la country. Affaire vite classée chez les Beatles ? Peter Pilbeam, producteur des BBC sessions de ’62, les tague : "Not as rocky as most, more country and western". Voire. Pas francs du collier, tournent autour, le jeu de Harrison lorgne les plans de Atkins et Perkins, ça infuse gentiment, "Honey Don’t", "Act Naturally", "What Goes On", "Rocky Racoon".

Plus complexe chez les Stones. S’y frottent précocement, bientôt salués par Gram Parson himself, mais toujours avec un recul, une petite gêne. "I love country music, but I find it very hard to take it seriously" se protège Mick. "Dear Doctor", son imitation falsetto, le cœur dans un bocal, les klaxons de "Country Honk", le Jag a beau jeu de dire que la country, c’est l’humour. Les champs de coton revisités par des blancs-becs londoniens ? Sure! L’imaginaire hillbilly redneck ? Nah… N’importe, country frontale ou de biais, drawling appuyé ou non, les Stones enrichissent le corpus : "Wild Horses", "Sweet Virginia", "Far Away Eyes", "Loving Cup", "Just My Imagination", "Till The Next Goodbye".

1971. Mick chante "I Got The Blues" - une ballade… soul, Stax way. Cherchez pas. Ringo, lui, pond en deux jours, à Nashville, un album solo, dédié à sa country bien-aimée. Le titre ? Beaucoups of Blues. Un bordel, on vous disait.