Lonnie Mack: The Wham Of That Memphis Man (1963)
"Originally it started out as family. We were so poor. Like Bill Cosby said, we weren't just poor, we were broke. (laughs) My influence came from by Uncles, brother, my mom. All that bunch, all the different parts of the family. And when we started listening to radio it was country mostly, there wasn't no rock and roll. I liked the singers. I always liked Hank Williams. I listened to some old Jimmy Rodgers, which leans more toward the blues side. Then I found a bunch of black stations and started listening to people on up the line like T-Bone Walker and Jimmy Reed. I liked a lot of church music, and I loved organs. That's why I ended up with the sound I got..." (Lonnie Mack)
Where: Recorded at Fraternity Studios, Cincinnati, Ohio
When: 1963
Who: Lonnie Mack (guitar, vocals), Bill Jones (bass), Ron Grayson (drums), Marv Lieberman (saxophone), Irv Russotto (saxophone), David Byrd (keyboards), Truman Fields (keyboards), James Edmondson (guitar), Wayne Bullock (bass), Fred Stammerding (piano), The Charmaine (backing vocals), Donald Henry (tenor sax and maracas)
What: 1. Wham! 2. Keep You Happy 3. Susie-Q 4. Farther On Down The Road 5. Bounce 6. Where There's A Will There's A Way 7. Chicken Pickin' 8. Baby What's Wrong 9. Down In The Dumps 10. Down And Out 11. Satisfied 12. Memphis 13. Why
How: Produced by Carl Edmondson
Up: drums, sax et grattes qui s'empilent en mode ascensionnel, les drums qui explosent, la walking-basse qui trouve le chemin toute seule, un riff jump blues funky assuré avec sax à l'unisson, batterie en attente à vide avec des gnons de basse pour que le solo commence, Lonnie embraye confiant, puis énervé, place des phrases renversantes qui font vérifier l'année de sortie du machin sur la pochette, griffe de quelques accords, fait des tirés très méchants, bascule en riffage chaloupant suivi par le sax, une échappée dans des aigus retors et perçants, des tirés vicieux et la mitraillette, Roy Buchanan en perd pas une note, retour sur l'intro escaladante et le riff qui pète, festif, jovial, ces deux notes suspendues sur les changements d'accords, on est très loin du pépère "Glass Onion", deux minutes, c'est bouclé, fatras de notes rageuses finales, comment il s'appelle le gars, déjà ? ["Wham!"]... les arpèges Stax, surprise une voix soul splendide, gratteux virtuose et blue-eyed soul singer le Lonnie, des notes comme autant de bulles de champagne, en renfort, des chœurs féminins, arpèges et nappes de keyboards, gros sur la patate le Lonnie, changements d'accords résignés, les keyboards qui battent la mesure, interlude recueilli, Dick Dale se fait Otis Redding ["Keep You Happy"]... le riff qui part tout seul comme un grand, acrobatique, obsédant, avec sax qui s'insère, basse-batterie impeccable comme jamais depuis en fait, Lonnie part dans un solo tortueux barbelé en medium pace, lâche les tirés sifflants, chique tout de suite, derrière ça sonne comme du Booker sixties à souhait, on jurerait entendre de la cabine Leslie, tout stoppe pour un lick effrayant, un groove qui avance comme un seul homme, deuxième solo dans des aigus tétanisants, un peu de riff, pour reprendre le souffle, reprend fluet puis agité, une accélération éclair impossible, riff gentleman pour s'appuyer sur le groove, troisième solo, que reste-t-il à dire, des tirés, encore, mais les cordes qui touchent le plafond, toujours en groove avec quand même un méchant lâchage de purée, seul sur batterie, les licks se font plus complexes alors qu'on est déjà rassasiés, du heavy Stax ["Susie-Q"]... riff en version big band, tous ensemble à la ricaine et la basse qui rebondit, avec souplesse dans tous les coins, Lonnie nous fait profiter de sa voix noire, des inflexions à la Wishbone Ash, toute l'artillerie est sortie pour un blues deluxe, la gratte toute sage, bien élevée, derrière veille au grain, cuivres clinquants pour blues rutilant, Lonnie étouffe et se met à riffer salement sur la rythmique, vise la porte de sortie et balance son package vintage tirés barbares et arrosage de sulfateuse, revient comme si de rien n'était sur un chant apaisé, digne de Sam ou Otis, tous les dons le gars ["Farther On Down The Road"]... riff aquatique, presque surf, avec ce son péri-Leslie caractéristique, riffage sax funky soul sur la gauche, et un solo qui progresse doucement, prend son temps, les chœurs féminins bien ponctués à gauche, un motif plutôt qu'un solo en fait, un lick mauvais, tout en aigu, pour lancer le chorus, tortueux et fébrile, Lonnie sait garder, toujours, sa contenance, tricote sur quatre notes, repart sur un second solo avec des notes rafales, quel son, récupère sa voix de black pour le dernier couplet, jappe derrière lui, quelle année déjà ? ["Bounce"]... retour à la soul, le titre qui a décidé de la carrière guitaristique de Lonnie Mack, chanteur blanc à la voix noire éconduit, derrière c'est serein, comme épuisé, la basse qui part en varappe astucieuse, pas de gratte, tout en voix, les arpèges gospel et les chœurs à l'avenant, ambiance dévote et même cris déchirants de Lonnie qui part dans un solo vocal sur les backing vocals fatalistes, basse qui dégorge et voix éraillée ["Where There's A Will There's A Way"]... on alterne, killer riff en lick superfast simplement stupéfiant, 25 ans avant le "Scuttle Buttin'" de Stevie Ray Vaughan, une tuerie de rhythm-and-thrash, grappes de notes si rapides qu'elles sont indéchiffrables, accords plaqués en bonus, sax qui pétent le feu, un solo à boulets rouges, cordes triturées sadiquement, en fond une basse surf rock avec deux coups sur la caisse claire, Lonnie emmanche des aigus flûtés aveuglants, mitraille bien sûr, se promène à 200 à l'heure sur une corniche rythmique, un solo de keyboards pédestre, il ronge son frein le Lonnie, prend un second tour notre organiste, on veut la gratte, elle revient avec un lick terrassant, c'est une manie, jette de la grenaille dans la gueule, du country speed, Chet Atkins chez Iron Maiden, le riff se scinde, Lonnie surfe dessus, un des cinq chef d'œuvre du rock, caché, là ["Chicken Pickin'"]... le riff à la Chuck Berry, version "Memphis", qui se lance tout seul, Lonnie prend vite la tangente, s'empare du micro, balance sa voix chaude à la Paul Butterfield, on râpe en règle derrière, et cette section rythmique parmi les plus belles, Lonnie ponctue le premier tour avec des accords rageurs, rejoints par les backing vocals de nanas, un espèce de boogie woogie ralenti, branche le solo de pépites, une clarté jusque dans les fausses vautres maîtrisées, des tirés fabuleux, s'en tient à un seul tour en allant saluer les cordes graves pour la forme à la fin, fait tourner, repart déjà à l'assaut avec des petites phrases entourées de silence, du riff, refait le coup des phrases emmêlées, virevolte et retombe sur sa voix, pas du jeu ça, s'enfuit dans la nuit avec un petit solo qui s'éteint trop vite ["Baby What's Wrong"]... riff tout bête avec sax grave et ça tourne, générique de série télévisée peut-être, des licks d'appels avec grappes de notes interdites, tiens c'est le sax qui prend le solo, du piano honky en soutien, quelle belle phrase ascendante sur les accords marqués, un silence, du sax, travaillé, Lonnie jette quelques accords Leslie, un break de drums jouissif et un silence, ça repart, Lonnie se balade, râcle les cordes, fait du riff, fausse fin, un titre pour rire qui impressionne ["Down In The Dumps"]... reprise en fausse Leslie lancinante d'un riff à la "Memphis", oui encore, martelé gentiment mais implacablement au piano, la basse anthologique, modèle d'humilité, d'efficacité et de personnalité, riff qui s'insère dans le crâne, Lonnie saute à pieds joints sur son surf à six-cordes, pile des notes sur les accords entassés sur les drums, exulte en licks enchevêtrés, pilonne à nouveau puis rend gorge et lâche une salve vicieuse, quelle splendeur, va faire un tour dans les graves pour montrer qu'il maîtrise et cède pas à l'émotion mais se gamelle de plus belle en bas de manche criard, cisaille des accords en final, repart en solo avec des tirés himalayens, sax insistant et basse-batterie vintage avec un je-ne-sais-quoi de troublant, les grappes de notes sur les cuivres qui râlent longuement en sirènes affolées, un bout de solo dans les graves boueux, une flopée d'aigus, on écouterait ça des heures ["Down And Out"]... on part en jumping blues, cette voix moite si proche de celle de Butterfield, maudit le Lonnie, un "Working Song" aussi, c'est le larynx qui est à la fête ici, un riff dialogué entre sax et gratte, les nanas aux chœurs, belle voix qui s'autorise des placements audacieux, le sax qui prend le chorus, les filles gueulent de plus belle, solo de sax exceptionnel de personnalité pour l'époque, un drame cette carrière avortée ["Satisfied"]... riff tchoutchou glissé, on est pas loin des Faces huit ans plus tard avec le même titre, piano allègre, le hit de Lonnie qui déboule en phrases ébrouées, prend son temps, propose des riffs, la basse proche d'un lyrisme fifties rockabilly inédit, batterie essentielle tout en légèreté, ça tourne bien, très bien, solo presque fuzzy, avec ces aigus perlés qui vrillent en entrée, des phrases prodigieuses mais qui restent collées à la compo - musicalement, une des plus fines de Berry -, derrière ça chauffe savamment, un break, déjà fini, l'instrumental rock bousculé ["Memphis"]... solo à la "Since I've Been Loving You", avec cuivres moqueurs, un brin lacrymaux qui s 'épanchent en langue Stax, si en plus Lonnie fait du blues maintenant, voix d'or et guitare thrash, les cuivres grandiloquents avec des basses tragiques, des soufflés interminables qui semblent ne jamais vouloir retomber, un Hammond qui granule, et étale sa sauce belle basse, des arpèges argentés, cette voix qui sait se faire rauque, du soul-rock, batterie splendide en frisade de caisse claire, solo qui démarre en se calant sur les trois temps de la caisse claire, un classique du British Blues Boom, dix ans avant, Lonnie met à la question sa gratte puis lui serre le gosier comme un maniaque, un petit sprint attendu et applaudi, retour sur la voix et un Hammond glougloutant d'émotion, ce "why" en cri déchirant, Lonnie is God ["Why"]...
Down: Rien.