Talk Talk: Laughing Stock (1991)
"In two aspects there is a difference between Spirit Of Eden and Laughing Stock. We still worked with arranged improvisation but treated the musicians as isolated cells living in separate time zones as if they were revolving in space and communicating from time to time but being completely isolated otherwise. What was the off-beat for one musician was the on-beat for the other. [...] It was part of the composition. The other new aspect was to expand the songs further than ever. With the first song for instance, 'Myrrhman', we had the idea of doing a composition with no repeating sections. With 'Ascension Day' we did have three verses, but each with fewer bars and identical vocals. It was all about changing song structures. [...] When we had completed the recordings we were through with it, knew what it was like and didn't want to go further. We had pushed song writing as far as possible and thought 'this is the right moment to stop'. That was the end of it, very vague, if you know what I mean..." (Mark Hollis)
Where: Recorded at Wessex Studios, London
When: November 1991
Who: Mark Hollis (organ, guitar, piano, vocals), Simon Edwards (bass, acoustic bass), Ernest Mothle (bass, acoustic bass), Lee Harris (drums), Tim Friese-Greene (organ, piano, harmonium), Martin Ditcham (percussion), Mark Feltham (harmonica), Henry Lowther (trumpet, flugelhorn), Dave White (clarinet, contrabass clarinet), Roger Smith (cello), Paul Kegg (cello), Levine Andrade (viola), Wilfred Gibson (viola), Jack Glickman (viola), Garfield Jackson (viola), George Robertson (viola), Stephen Tees (viola), Gavyn Wright (viola)
What: 1. Myrrhman 2. Ascension Day 3. After The Flood 4. Taphead 5. New Grass 6. Runei
How: Produced by Tim Friese-Greene
Up: accords chétifs de Fender trémolo carillonnante vibrant sur de rares accords de clavier, se fondent en une longue plainte avec percus sensibles au fond, sur un accord : la splendide voix spectrale de Hollis doucement désespérée, tessitures minimalistes donc riches, la guitare rend gorge par giclées stellaires, un lointain faux feedback et une trompette bouchée davisienne prend son envol pour se poser résignée sur un voile de cordes angoissées, une palpitation insaisissable, secousses de charleys et cymbales, l'accord égrené avec majesté sur des claviers tendres, basse, percus, gratte : chacun y va de son intervention, un répit et tout s'arrête sur des soupirs de cordes et des gémissements d'alto, sur une structure flottante éthérée le morceau se meurt doucement dans une aube blafarde, quelques touches de piano effleurées - et une voix absente et inoubliable, celle de Mark ["Myrrhman"]... un rythme pour casser le flottement ambiant, des cymbales et une caisse claire carton jazzy, des accords luxuriants sur une salsa de cymbales, la contrebasse ose des sorties, de la pop jazz peut-être, une explosion d'accords en éclaboussures magnifiques d'une violence slayeresque, des drums plantureux et opulents, la voix résolue de Hollis qui s'extirpe de cette gangue classieuse, chacun baisse son volume, une contrebasse glissée qui gronde, une montée de voix frissonnante vintage Hollis sur des claviers en assomption, et cette Fender (?) en émotion, les cymbales mènent le bal, derrière chacun pose un pion en avant puis se retire, irruption d'un harmonica en volutes sur des accords de grattes métalliques et cinglants, on laisse tourner sur contrebasse et batterie avec un lick rare jazzy de guitare, à nouveau l'explosion, comme des étincelles harmoniques crépitantes, la voix de Hollis volatile et profonde, la gratte se met à riffer sur un festival de drums, une violence acoustique shuntée sans concession ["Ascension Day"]... fondu enchaîné sur des arpèges délicats au piano, la contrebasse qui ronronne, l'harmonica qui s'ébroue et frissonne sur les sonorités sifflantes et circulaires de claviers, un changement d'accord souple, presque blues, structure vite éclatée avec de nouveaux accords sur entrée de claviers fifties splendidement désuets, un rythme s'installe, entrée majestueuse de Hollis sur un accord apaisant, les claviers en nappes, la basse lyrique, encore une montée frémissante sur des claviers en envol, la voix de Hollis à mettre au patrimoine mondial, loin derrière un harmonica, on calme un peu le jeu, les cymbales aériennes et des percus entêtantes, un solo bourbeux d'harmonica hendrixien soutenu par les claviers, un accord sublime pour s'extraire de la boue de anches soufflées, retour de l'orgue rétro qui finit en bégayant, Hollis se balade dans une forêt de cymbales, des accords en montée et une richesse sonore inouïe, un peu d'harmonica, l'apaisement après le déluge ["After The Flood"]... une petite phrase de guitare en son basse, tourne seule, mélancolique, comme un vrai riff, la voix désespérée mais digne de Hollis se pose sur cette ritournelle grave, soudain un accord fort, puis deux sur une basse qui veut démarrer, s'embourbe, non un coup pour rien, le tout se délite sur une entrée de trompettes bouchées, un long gémissement sourd en ambiance, accord aigu des trompettes à l'unisson sur un accompagnement funèbre avec alto en costard derrière, le clavier se fait des sensations Rhodes, gargouillis d'accords et licks aigus à gauche, harmonica fanfaronne, en contrepoint la trompette, tout au bord de l'écroulement en beauté absolue, un peu de tambourins comme un sketch andalou de Miles, entrée d'un beat de drums sur une glissade de contrebasse, charleys magiques et toujours cet harmonica qui, dru, barrit à mort, un clavier qui s'étend comme une flaque, on stoppe, des accords doux de guitare, une fin comme un feu qui s'éteint ["Taphead"]... intro furieusement jazz à la "Take Five", cymbales et contre-temps caisse claire, accords flûtés et coulés à la gratte, claviers aqueux cascadant à la "Close To The Edge", un soupçon de basse, un rythme bancal de drums emmené par les cymbales, la voix de Hollis qui vibre comme jamais, au bord de la fêlure, cachée, tapis sous les instruments, l'harmonica en tressaillis perpétuel sur une structure blanche, une trouée au clavier clarinette, des accords lumineux de gratte, avec trémolo final, stop sur drums, on reprend, quelques accords de piano, un beat et des pépites harmonique de claviers, cordes et gratte, une palpitation en ambiance un peu floydienne, des accords pulpés sur claviers ensorcelés, un orgue d'église et la guitare qui gratouille avec classe en s'éloignant ["New Grass"]... accords hendrixiens aquatiques, sur basse et des glissés au son trafiqué, des ambiances de clairière embrumées, des percus lointaines, une grosse basse, la voix exceptionnellement basse de Hollis qui se cale, à la Hendrix, sur les licks spatiaux de gratte, un faux riff qui tourne puis qui reprend le large en notes cosmiques, après un silence assourdissant, du "Song For A Dreamer" à la Procol Harum aussi, des balbutiements d'émotion du grand Mark, parfois à peine audible, coda hendrixienne relevée de touches sensibles de wah-wah ["Runeii"]...
Down: Combien encore pour croire aujourd'hui que Talk Talk est un groupe "new wave" (sic) ?