The Butterfield Blues Band: East West (1966)
"What I'd like is when you think of American guitar, you think of me" (Michael Bloomfield)
Where: New York, Chicago et Los Angeles
When: été 1966
Who: Paul Butterfield (harmonica, vocals), Michael Bloomfield (guitar), Elvin Bishop (guitar), Jerome Arnold (bass), Billy Davenport (drums), Mark Naftalin (organ, piano, keyboards)
How: Produced by Paul A. Rothchild & Mark Abramson (except "Mary Mary" produced by Barry Friedman, production supervisor by Jac Holzman)
What: 1. Walkin' Blues 2. Get Out Of My Life, Woman 3. I Got A Mind To Give Up Living 4. All These Blues 5. Work Song 6. Mary, Mary 7. Two Trains Running 8. Never Say No 9. East-West
Up: riff blues attentiste, nappé de slide rugueuse, pour un standard de Robert Johnson, voix superbe, chaude et râpeuse, de Butterfield, break musclé à 1"12, Paulo sort son harmonica à 1'33 pour lancer à 1"37 le premier solo de Bloomfield, pressé et puissant ["Walkin' Blues"]... reprise d'Allen Toussaint, saveurs New Orleans, Bishop et Bloomfield marquent les temps, chœurs timides, une histoire d'amour malheureuse, la meuf coupable bien sûr ("Get out of my life woman / You don't love me no more"), piano "saloon" de Mark Naftalin qui prend le solo, fioritures discrètes de Bloomfield, accélération inattendue à 2'47, des envies de blues-rock non encore assumées, ni assouvies pour le sextet ["Get Out Of My Life, Woman"]... la Bloomfield's touch - virtuosité, spontanéité et concision incandescentes - pour un "burning" blues sauce Les Paul, Butterfield, voix de miel et de soleil, à nouveau tourmenté par la "femme" ("Oh, when I read your letter this morning / That was on your place in bed / That's when I decided that I'd be better off dead"), on fait pleurer dignement la Gibson à 2"11 sur une rythmique sobre et classe de Naftalin, Arnold et Davenport, Bloomfield encore magnifique sur la reprise du chant, l'affaire se saccade à 4"16, un modèle de white slow-blues électrique mille fois copié depuis ["I Got A Mind To Give Up Living"]... blues bien pulsé, Bloomfield refait surface, sort un harmonica endolori, crépitant et multicolore qui prend toute la place, Bloomfield et Bishop punis, assurent d'efficaces accords plaqués ["All These Blues"]... instrumental ébouriffant, Bloomfield entre en majesté à 0'48, bavarde longuement dans les graves, attaque les aigus à haut-voltage à 2"17, balance d'improbables accords jazzy à 2"36, Butterfield s'immisce sur une longue plainte soufflée à 2"50, l'orgue de Naftalin, à pas de loup, louvoie à 3"40, Bishop racle du sabot, déboule à 4"13, s'assagit, se fait serein, est rejoint par les trois autres solistes à 5"36, on s'excite jusqu'à la reprise finale du thème popularisé par Cannonball Adderley, plutôt léché pour un titre de "travail" ["Work Song"]... riff hard et guitare fuzz en contrepoint, on vise le titre pop assurément, chant grave et imposant de Butterfield, backing vocals sixties incertains, son solo volcanique à l'harmonica, cymbales pyrotechniques de Davenport, solo final nerveux à 2"24 de Bloomfield qui guette l'ouverture, s'y engouffre et jette toutes ses forces pour moins de trente secondes de génie ["Mary, Mary"]... basse bonhomme pour blues énergique et grivois sur les traces de Muddy Waters ("Yes I wish I was a catfish / Swimming in the deep blue sea / I'd have all you pretty women / Fishing after me"), les guitares tricotent et claquent, le solo claptonien éclate à 1"28, incartade jazzy à 3"07, Bloomfield reprend la main pour la coda, une aisance générale presque insolente ["Two Trains Running"]... accalmie, blues lent et fatigué, on sort les balais et on essuie la caisse claire, Bloomfield, Butterfield et Naftalin à l'économie, superbes ["Never Say No"]... fantasia psyché, rythme latino pour l'ouverture, Bishop, impérial, ouvre le bal avec un chorus consciencieux, Butterfield ouvre la forge à 1"27, s'énerve dans les aigus, ça chauffe derrière, au bord de l'implosion à 2"53 mais Bloomfield prend les rênes d'une odyssée lysergique aux errances insoupçonnées avec un solo sensuel, part explorer les rives du Gange, s'accroche à ses six-cordes, étrillées et torturées sur une rythmique hypnotique d'Arnold et Davenport, des accords menaçants derrière qui se précisent dans une nouvelle montée qui éclate à 7"08 sur un retour de beat latino, solo assagi, bientôt assoupi, Davenport bat le rappel à 10"43, Bishop et Bloomfield échangent longuement, en mode gueulard, du Laughlin-Santana avant l'heure, les guitares se démultiplient mais s'écoutent, quelques tonalités orientales glissées sur le final, le psychédélisme électrique est né ["East-West"]...
Down: on piaffe comme Bloomfield - et davantage encore Bishop, maître de la slide sous-employé - qui de toute évidence veulent plus d'électricité, plus de soli et ont déjà la tête à des joutes à la Allman Brothers et Quicksilver Messenger Service...