Heard It On The X #23
Et de 23. Today's specials? Du métallique pour l'essentiel, avec une dose de cinoche, une larme d'émotion et, pour un peu, un début de turgescence : Bonham à la sauce Hammer, du Maiden accommodé Monty Python et du ZZ Top en son fameux lupanar, zou, c'est parti, même pas le temps de mettre la serviette...
Ouane/ Indissociablement associé au Zep, le Bonzo, c'est entendu - à tel point qu'on s'attache rarement aux escapades péri-dirigeables du bûcheron du groove hard, hors certaines fameuses sessions comme Lord Sutch et P.J. Proby où l'on croise Page et Jones, comme de bien entendu... Mais c'est oublier qu'on retrouve aussi Bonham aux fûts, avec ou sans Page et Jones (mais souvent avec quand même), sur des albums improbables comme le Don't Freak me Out de Jimmy Stevens (sous le pseudo Gemini soit Gémeaux, son signe astral) ou le On the Road Again de son pote Roy Wood ou encore le Back To The Egg de Macca (mais si, vous savez cet infâme "Rockestra Theme" avec plein de rock stars) ou, allez, encore un, le A Way Of Life des oubliés Family Dogg... Pour les complétistes, ok, mentionnons le titre "Everybody Clap" de Lulu qu'on pourrait vous présenter mais non... Plus pointu encore ? John Henry apparaît, certes brièvement mais incontestablement, aux drums, derrière son pote Harry Nilsson, dans une scène musicale de Son Of Dracula, réalisé en 1974 par le tâcheron de la Hammer, Freddie Francis... Allez, on fonce sur YouTube...
Tou/ Maiden et les Monty Python ? Pas si improbable que ça - Dickinson, nourri aux Pythons, n'a jamais caché son admiration pour le sextet ricano-oxbridgien et s'est d'ailleurs même investi dans un documentaire à sa loufoque gloire... Et puis les fans le savent, qu'entend(ait)-on souvent à la fin des concerts de la Vierge de Fer ? Bingo, "Always Look On The Bright Side Of Life", la scie de Eric Idle qui met sa petite ambiance à la fin, euh, cruciforme de La Vie de Brian...
S'étonnera-on, dès lors - oui, un peu quand même - de retrouver Graham Chapman, oui, le docteur amateur de pipes soi-même, dans un clip de la bande à Harris, "Can I Play With Madness", d'ailleurs réalisé par un certain Julian Doyle qui avait bossé sur La Vie de Brian et Le Sens de la Vie (tout est dans tout, on vous dit) ? Mais si, ça vous revient, ce professeur de dessin coincé qui dispense un improbable cours au sein de l'abbaye de Tintern et découvre avec horreur qu'un de ses étudiants est en train de dessiner la mascotte Eddie plutôt que les ruines... Bon, après ça part gentiment en sucette, la trame n'était certes pas fameuse, Graham chute dans un souterrain, tombe finalement nez-à-nez avec Eddie (qui sort d'un réfrigérateur...)... C'est surtout assez émouvant, pour peu qu'on soit fan des Python, puisque c'est l'une des dernières apparitions de Chapman, douloureusement émacié, qui mourra d'un cancer en octobre 1989... Nicko McBrain lui-même y fait allusion dans un des numéros de sa délirante série "Listen with Nicko", s'autorisant une exceptionnelle baisse de tension en hommage à, allez citons, "a chap who I think we would all agree was one of the great comedians and one of the major contributors to the Monty Python mob and gang cohooting geezers out there doing all that mumbo jumbling stuff"...
Sri/ Bah oui La Grange. OK, c'est un bordel texan, qui l'ignore encore... Un peu plus ? Alors, on l'appelle "The Chicken Ranch," - pendant la Dépression, on y payait... en poulet(s), gagné - ou, plus pudiquement, "Miss Edna's Boarding house" voire "Edna's Fashionable Ranch Boarding House" du nom de sa rigoureuse patronne, par ailleurs généreuse donatrice de la ville, et c'est la plus emblématique (disons) des maisons closes ricaines, la plus ancienne du Texas aussi... Si l'on en croit l'intéressé, c'est ici que Dusty Hill, bassiste du trio, y perdit sa virginité à l'âge de treize ans dans une atmosphère bon enfant : c'est souvent papa qui emmenait fiston y découvrir le continent noir, aux côtés, si l'on peut dire, des ouvriers du coins mais aussi des avocats et politiciens qui, tous, trouvaient satisfaction dans cet écosystème rural des sens... Il faut dire que la sélection des donzelles était plutôt drastique - leurs prétendues origines universitaires ajoutaient au sérieux de l'établissement où ni alcool ni... tatouage n'étaient tolérés - et que, sans surprise, le lieu servait aussi de régulateur social, les conversations et confidences sur l'oreiller y étant précieuses...
Manque de bol, la vénérable institution, fondée dans les années 1840 quand même, fit l'objet au début des seventies d'une enquête vicieuse des pouvoirs locaux, persuadés qu'une filière du crime organisé pouvait y être démantelée... L'affaire retomba comme un mauvais soufflé mais c'était compter sans la hargne bigote d'un reporter télé qui, piloté par les autorités locales soucieuses de ne pas agir à découvert pour se préserver les bonnes grâces de leur électorat souvent client du lieu, poussèrent le vaillant petit soldat de Dieu à dénigrer via les médias notre bonne vieille La Grange...
C'est à cette époque que le titre, nullement militant du reste, du Top sortit : quelques mois après, malgré une pétition péchue pour sa préservation, le bordel était fermé et, outre le boogie des barbus, la légende prit dès lors les formes les plus inattendues : le bâtiment fut, euh, démembré - une de ses pièces fut même transportée et intégrée dans un night-club de Dallas où l'on retrouva pendant quelques mois la Miss Edna avant qu'il ne ferme-, un film, au moins aussi fameux aux States que le titre du Top, avec Dolly Parton et Burt Reynolds sortit rapidement en salles sous le nom de The Best Little Whorehouse In Texas (ou, celui, de The Best Little Cathouse in Texas selon la vraie-fausse pudibonde Parton), et puis une pièce de théâtre sur Broadway, acclamée dès 1978 avec une traditionnel resucée en 1994, The Best Little Whorehouse Goes Public que ça s'appelait... La Grange fut finalement rachetée par deux intrépides avocats de Houston ; pendant plus de deux ans après sa fermeture, des clients continuaient à se pointer...