Jethro Tull: Turd On The Run
On le sait, on ne plaisante pas avec le sens de l'hospitalité chez nos amis d'Outre-Manche, surtout quand on vient, comme le chanteur-flûtiste Ian Anderson, de Blackpool... Mais la vengeance, plat froid, est aussi une assiette anglaise... Alors, quand le frontman de Jethro Tull reçoit, c'est en grand seigneur, dans son manoir du XVe siècle, perdu dans la campagne anglaise - et tant pis si les invités se font chier dessus...
En 1971, à la faveur d'une de ces soirées gentiment allumées qu'il aimait à donner dans son manoir, Anderson invita le nouveau batteur du groupe, Barriemore Barlow, une vieille connaissance à lui qui venait de faire ses armes sur le fameux Thick As A Brick. Probablement pris d'affection pour le batteur, le gros chien d'Anderson choisit de venir sur les genoux de Barlow et, dans un demi-tour souple et inattendu, déposa sur les genoux du batteur un hommage malodorant. N'écoutant que son devoir d'hôte, Anderson ramassa illico l'écœurante production canine à l'aide d'un mouchoir en papier. Barriemore, quant à lui, se précipita dans la salle de bains pour nettoyer sa veste. C'est le moment que choisit, avec un tact certain, Anderson pour déposer le méfait encore chaud de son chien dans une des poches du manteau de Barriemore qui ne découvrit - on vous laisse imaginer comment - l'entourloupe que quelques heures plus tard en cherchant ses cigarettes...
Anderson, renégat du savoir-vivre british ? L'illuminé unijambiste se justifia plus tard en précisant à sa décharge que Barriemore, des années plus tôt, alors que les deux prog-rockers étaient camarades de classe, avait glissé un cadeau-surprise similaire dans le sac d'une fille et qu'en voyant la scène, le futur chanteur s'était juré de se venger un jour ou l'autre...
Le rock en sort donc, encore une fois, grandi...