T-Rex: One Inch Rock
Suite de notre saga sur les morts de rocker les plus stupides... On a que l'embarras du choix, c'est certain, donc on a décidé aujourd'hui de fouiller un peu dans la galaxie T. Rex... Et là, entre deux trépas navrants, une vraie pépite...
On se souvient que le regretté Marc Bolan nous quitta le 16 septembre 1977 quand sa voiture, conduite par sa femme illégitime la chanteuse soul Gloria Jones, emplafonna un arbre du côté de Barnes Common, à Londres. Rien d'exceptionnel, si on ose dire, les accidents de voiture mortels étant le lot d'une tripotée de rockers, de Eddie Cochran (le 17 avril 1960) à Nicholas "Razzle" Dingley, batteur des excellents finlandais péroxydés Hanoi Rocks (courtesy of Vince Neil de Mötley Crüe qui était au volant, boosté aux jus de fruits comme on l'imagine, et fut jugé), en passant par Rushton Moreve, infortuné bassiste de Steppenwolf (1er juillet 1981), Keith Godchaux du Grateful Dead (23 juillet 1980), Chris Bell, leader de Big Star (dans un poteau téléphonique le 27 décembre 1978), Stiv Bator, frontman des Dead Boys (qui, le 28 avril 1980, rentra mourir chez lui après avoir été renversé par une voiture sur un trottoir parisien), Tommy Caldwell du Marshall Tucker band qui agonisa une semaine avant de s'éteindre le 4 avril 1980 ou même Cliff Burton, bassiste virtuose de Metallica, écrabouillé au fond du car du groupe sur une route suédoise verglacée le 27 septembre 1986...
On pourrait continuer à l'infini ou presque ce petit listing macabre mais revenons à la bande à Bolan. La mort du chanteur marqua le début d'une hécatombe autour de la famille T-Rex : le bassiste Steve Currie, qui officia sur rien moins que Electric Warrior et The Slider, rendit un dernier hommage au chanteur glam en mourant... d'un accident de voiture au Portugal en 1981 ; le manager de Bolan, Tony Secunda, fit une crise cardiaque fatale, tout comme June Bolan, la première femme du chanteur qui passa de vie à trépas à l'âge de 46 ans pendant ses vacances (en Turquie, pour ceux qui veulent vraiment tous les détails)...
T-Rex serait resté dans le conventionnel si Steve Peregrine Took, alter ego multi-instrumentiste de Bolan aux tout débuts du groupe lorsque celui-ci n'était qu'un duo tolkienesque appelé Tyrannosaurus Rex, n'était pas intervenu personnellement. Après avoir été éjecté par un Bolan avide de gloire solo et pas très sensible aux embardées spatiales de son comparse qui avait notamment pour habitude de se fouetter régulièrement jusqu'au sang avec sa ceinture, Took traversa les seventies dans un fog hallucinogène tout londonien. Tout indiquait qu'il aurait dû grossir les rangs du glorieux bataillon des rockers overdosés ou étouffés dans leur vomi (en 1976, il aurait même pu rejoindre le club des 27) mais Took, sans doute soucieux d'une fin mythique, donna une touche toute personnelle à ses derniers instants. Dans ce qui, au jour d'aujourd'hui nous paraît constituer la mort la plus absurde du genre - à égalité avec celle, dans un autre domaine, de Tennessee Williams et son capuchon de spray nasal -, Took, vraisemblablement un peu fumé, avala... un noyau de cerise de travers, s'étouffa et en mourut en quelques minutes...